“Si tu me survis, …” est une projection intime dans le futur, qui s’articule autour de deux questions inextricablement liées : Qu’est-ce que nous serons dans trente ans ? Et dans quel monde ?

Notre société semble foncer dans un mur. Crises de toutes sortes, accaparement sans fin des richesses par une minorité, épuisement des ressources, surgissement d’extrémismes religieux et de populismes : l’avenir s’annonce bien sombre. Comment ne pas alors être saisi d’effroi à l’idée de vieillir dans ce monde là, où vieillesse rime avec inadaptation ?

Concrètement, ce spectacle est une tentative de collaboration entre nous et deux individus qui n’existent pas encore, puisqu’il s’agit de nous-mêmes dans trente ans, quand nous serons tous deux devenus septuagénaires.

Mais “Si tu me survis, …” fait partie d’un projet plus vaste, car dans trente ans, ces deux individus feront appel à nous pour créer un autre spectacle (baptisé pour le moment “… je me néglige”) en réutilisant, remaniant, transformant ou saccageant les traces (filmées, dessinées, enregistrées, écrites) de celui-ci, spectacle qui en constituera la réponse, alors que nous ne serons plus que des souvenirs.

Qu’est-ce qu’il restera de nous dans trente ans ? Est-ce que nous serons désenchantés ? Est-ce que nous serons plus radicaux ? Plus “réalistes” ? Plus infantiles ? Est-ce que nous serons forcément rétrogrades ? Qu’est-ce que nous aurons accepté pour survivre ? Est-ce que notre capacité d’émerveillement s’émoussera alors que nos corps s’émietteront ? Est-ce que nous devrions faire des pactes avec nous-même pour le futur ? Est-ce que nos souvenirs déformeront la réalité ? Qu’est-ce que je deviendrai si je te survis ? Qu’est-ce que tu deviendras si tu me survis ?

“Si tu me survis, …” se veut une ode joyeuse et sauvage à la vieillesse et à la pulsion de vie, dans une société “jeuniste” où vieillir est une maladie. Confrontant les problématiques auxquelles nous sommes sujets à des âges différents de nos vies, cette proposition va tenter d’instaurer un dialogue intergénérationnel aussi joyeux qu’impitoyable avec nous-même.