Melvin vit toujours chez sa mère. Il accumule toutes les tares dans l’échelle de valeurs sociales occidentales. Il est balayeur dans un centre de fitness, et côtoie tout ce qu’il ne sera jamais — beau et fort —, approche ce qu’il n’aura jamais — l’amour, la reconnaissance, la richesse —. Pourtant, à l’issue d’une farce odieuse dont il est la victime, il tombe par hasard dans un fût de substances toxiques. Il se transforme alors en un monstre ultra-puissant dont les cellules réagissent à la présence du MAL…

“Melvin trilogie” est le développement d’un happening présenté en décembre 1999 — “Toxic”, basé sur les films gores “Toxicavenger” et “Toxicavenger II” du collectif TROMA —. Nous cherchions une nouvelle façon de faire du théâtre, à la fois brute et simple. Un terme est revenu souvent, celui de « Lo-Fi » (pour Low-Fidelity), à l’inverse du « Hi-Fi » (High-Fidelity) de nos chaines stéréo. Il s’agissait en réalité d’aborder la scène en oubliant délibérément toute l’histoire du théâtre. De trouver une virginité primale pour proposer des actes scéniques à la frontière de différents média artistiques.

Le principe de départ était simple : raconter l’histoire de Melvin au premier degré, avec des moyens rudimentaires et sans fioritures, de la façon la plus brute possible. L’humour naissait du décalage entre notre application, notre urgence, notre ferveur, et le manichéisme de cette histoire simpliste. Nous voulions à tout prix lui donner une dimension mythologique, en faire une saga comme le Mahabârata ou La Guerre des étoiles.